Petit guide pour bien préparer son Carême
Dernière mise à jour : 20 févr.
Eh oui, il semble que nous soyons tout juste sortis de l'Avent, que nous voilà déjà prêts à parler du Carême. Ce temps liturgique beaucoup moins populaire est pourtant si beau et profond quand on s'y intéresse.
Le Carême, c'est quoi?
Le Carême est la période de quarante jours qui précède Pâques. Il débute lors du Mercredi des Cendres, et termine le dernier dimanche avant la Semaine Sainte (celle qui précède Pâques). Les dimanches, ainsi que le jour de la Mi-Carême (le jeudi de la troisième semaine) sont aussi exclus du calcul, afin d'arriver à quarante jours. Ce temps du Carême sert de temps privilégié pour se tourner vers Dieu et se préparer au renouveau de Pâques. C'est une chance que nous avons qu'un moment précis, chaque année, soit prévu pour nous permettre de se "remettre sur la track".
Le nombre quarante a lui-même une grande importance dans l'histoire et la tradition chrétienne. C'est d'abord le nombre de jours passés par Jésus au désert avant d'entamer son ministère. C'est aussi le nombre de jours où la pluie est tombée lors du déluge. De même, c'est quarante ans que les Israélites ont dû passer au désert avant d'entrer en terre promise. Ce nombre représente donc un temps de purification, de préparation, d'attente; un peu comme le sont les quarante semaines d'une grossesse...
Comment peut-on vivre le Carême?
Traditionnellement, on choisit dans ce temps bien spécial, un ou plusieurs sacrifices afin de laisser plus de place à Dieu dans notre vie. Trois angles nous sont proposés: l'aumône, la prière et le jeûne. Libre à nous d'en choisir un seul, ou de faire un effort pour les trois. Décortiquons-les afin de mieux comprendre chacun d'eux.
L'aumône signifie de donner une partie de nos biens matériels à d'autres dans le besoin. Par ce détachement, nous permettons à Dieu d'être providence dans notre vie; de pourvoir pour nous. Ceci nous aide aussi à nous rappeler que Dieu prend soin de nous et que, bien que nécessaires, les biens matériels ne sont pas la source du bonheur. Dieu seul l'est.
Quant à la prière, c'est assez simple. Laisser plus de place à Dieu dans notre vie requiert inévitablement une certaine relation avec Lui. Pour certains d'entre nous, la prière se limite aux offices du dimanche, tandis que d'autres auront déjà intégré un certain rythme de prière quotidienne. Dans tous les cas, la prière est une histoire de relation avec Dieu et durant le Carême, nous sommes appelés à mettre en place de nouvelles façons d'entretenir cette relation.
Finalement, le jeûne. Sans doute le plus redouté des trois, lui qui pourtant est si à la mode dans notre société. Le jeûne durant le Carême demande à se priver de quelque chose (traditionnellement un ou des aliments copieux) afin d'entrer dans une sorte de processus de purification spirituelle. Il entraîne aussi à une maîtrise de soi, nécessaire dans la vie chrétienne afin d'éviter les nombreuses tentations qui veulent nous éloigner de Dieu. Bien qu'habituellement, on jeûnait de certains aliments (viandes et œufs à une certaine époque, mais quels chrétiens n'ont pas dû s'abstenir de chocolat étant enfants?!), on peut aussi se priver d'une activité ou d'une pratique qui nous empêche d'être totalement présent à Dieu et aux autres.
Comment choisir?
Bien entendu, personne ne recommande de donner tous nos biens et de passer quarante jours à genoux à prier sans rien manger! Il faut donc prendre le temps de choisir judicieusement de quelle façon on peut vivre ce Carême et les sacrifices qui y sont prescrits.
L'aumône: Bien que traditionnellement, faire l'aumône signifiait de donner une partie de ses revenus, il peut aujourd'hui se traduire de multiples façons. Nous sommes appelés ici à réfléchir à ce qui est superflus au niveau matériel, mais aussi à comment il serait possible de redonner à la communauté ou à ceux qui nous entourent. Une personne pourrait, par exemple, choisir de cuisiner des biscuits pour chacun de ses voisins, ou de libérer sa garde-robe de ses vêtements superflus. Encore, quelqu'un pourrait choisir d'acheter un café à un sans-abris sur le chemin du travail. L'important ici, c'est de (se) donner.
La prière: Ici, la question est de savoir comment je peux prendre plus de temps avec Dieu dans le quotidien. Serait-ce en prenant 10 minutes en prière le matin et/ou le soir? En écoutant de la musique de louange dans la voiture sur le chemin du travail? En prenant le temps de lire un passage de la Bible chaque jour? Il n'y a pas vraiment de mauvaise réponse ici, tant que le but est de faire plus de place pour Dieu dans notre horaire.
Le jeûne: Celui-ci est sans doute le plus délicat. Il est primordial de ne pas tomber dans le piège de la diète, où on voudrait profiter du Carême pour couper quelque chose de notre alimentation qu'on sait moins bon, mais dont on a de la difficulté à se détacher. Le bol de chips du soir, par exemple, ou encore les desserts. Croyez-moi, je suis moi-même tombée dans le piège à plusieurs reprises. Ce que nous devons nous poser comme questions pour bien choisir notre jeûne du carême, c'est : "Qu'est-ce qui prend trop de place dans ma vie?" Ou encore, "Est-ce que j'ai un autre dieu qui m'empêche d'être complètement disponible à Dieu?". Peut-être que vous réaliserez que les chips sont réellement ce qui prend trop de place, mais peut-être aussi réaliserez-vous que ce sont plutôt les séries télé, ou les réseaux sociaux. Certains choisirons de jeûner d'alcool parce qu'ils réalisent que ce dernier les empêche d'être réellement eux-mêmes en situations sociales. Bref, encore une fois, il n'y a pas de mauvaise réponse non plus, tant que le but est de se séparer de quelque chose qui prend trop de place dans notre vie, afin de laisser plus de place à Dieu pour y être agissant.
Résumons maintenant tout ceci en trois questions pour nous aider à bien choisir notre Carême:
Comment puis-je donner à mon prochain ou à ma communauté?
Comment puis-je prendre plus de temps pour Dieu dans mon quotidien?
Qu'est-ce qui prend trop de place dans ma vie et que je pourrais donner à Dieu pour ces quarante jours?
Par contre, n’oubliez pas d'impliquer Dieu dans votre réflexion: peut-être vous inspirera-t-il quelque chose auquel vous n'auriez pas pensé!
Pour finir, j'espère sincèrement que chacun d'entre vous trouvera dans ce Carême une occasion de se rapprocher de Dieu. Ce ne sera pas facile tous les jours, ni parfait tout le temps, mais avec un bon réseau pour se soutenir, et en demandant l'aide de Dieu, rien n'est impossible! Je serai de tout cœur avec vous en prière. Que le Seigneur touche vos cœurs d'une façon nouvelle et que vous découvriez de nouveau le bonheur de la relation avec Lui.
À la prochaine fois!
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